Humanitaire à Haïti

Haiti

Le monde entier s’est ému devant le séisme du 12 janvier 2010 qui a secoué Haïti, faisant plus de cent cinquante mille morts et jetant plus d’un million de réfugiés dans les rues et dans les campagnes. Ce grand malheur a été suivi de deux autres catastrophes naturelles, un cyclone et le choléra. Ceux qui connaissent Haïti s’émeuvent encore plus mais ne s’étonnent pas vraiment. En effet, Haïti a malheureusement été plusieurs fois victime des calamités naturelles au fil des ans.

Tremblement de terre à HaïtiCreative Commons RIBI Image Library

Une pluie fait plusieurs morts et isole tout un quartier, détruit



une école et ensevelit cinquante enfants, alors qu’un ferry coule pendant une modeste tempête emportant quatre cents personnes. En 2008, quatre ouragans se sont abattus sur l’île et la ville de Gonaïves a été engloutie.

Mais la nature n’est pas la seule coupable dans la série de malheurs qui s’abat sur le peuple haïtien. Comment expliquer que le même cyclone fait plusieurs morts en Haïti et ne tue que quatre ou cinq personnes à Cuba ou en Floride? La main de l’homme est y est aussi pour quelque chose, et parfois le malheur vient aussi de l’intérieur. Suite au séisme, une vague de viols a semé la terreur dans les camps de réfugiés.

Haiti
Construction d’un village à HaïtiCreative Commons uusc4all

La population de Port au Prince s’est décuplée en un demi siècle et on y construit n’importe où et n’importe comment. Après le papa-macoutisme des Duvalier qui en trente ans a fait plus de trente mille morts, la population s’est habituée à la violence politique et à la misère, face à l’insolente arrogance de l’oligarchie. Dans un pays où l’accroissement démographique est supérieur à la croissance économique, on peut s’attendre à ce que le produit intérieur brut diminue d’année en année.

Consécutive au tremblement de terre, l’intervention humanitaire a été prompte et massive. Les survivants vivent exclusivement de ces aides. Ils sont mieux nourris, le nombre de patients traités et les interventions médicales sont nettement supérieurs à ce qu’ils connaissent en temps normal. Mais pour combien de temps encore ? Avec la crise économique et financière, les Etats bailleurs préfèrent se concentrer sur les problèmes internes plutôt que de s’intéresser à l’international.

Mais comme toujours, le malheur de l’un fait souvent le bonheur des autres. Un Etat bailleur s’est assuré une présence militaire durable avec ses trente mille hommes « venus aider » et un autre a trouvé une aubaine pour son boom immobilier dans la reconstruction. Certaines aides ont finalement un effet pervers et ne font qu’anéantir la production locale. Avec toutes les aides promises, on ne peut qu’espérer que les Etats tiennent leurs engagements et que des solutions à long terme et respectueuses de la population soient trouvées.